Marine Falize, chargée de cours en entrepreneuriat, Coach au Start Lab ICHEC et directrice de la Chaire Familles en Entreprises, nous parle de la Maison du Repreneuriat, initiative ambitieuse à laquelle les candidatures sont actuellement ouvertes !
Quel est l’état des lieux actuel du repreneuriat ?
Le nombre d’étudiants inscrits en option entrepreneuriat est en pleine croissance. À l’ICHEC la barre des 100 inscrits vient tout juste d’être franchie et cette tendance se confirme au sein d’autres institutions. Pourtant, la reprise d’entreprise est encore très peu envisagée : près de 10 000 entreprises seront à reprendre à l’horizon 2025 et la majorité d’entre elles n’ont pas encore trouvé de repreneur potentiel. L’impact économique est très important et se chiffre en centaine de milliers d’emplois à risque si la situation ne change pas.
Quels sont les incitants en faveur de la reprise plutôt que la création pour un entrepreneur ?
Quatre incitants majeurs sont à prendre en compte. Premièrement le taux de survie, nettement supérieur en reprise. On constate davantage d’échecs lorsqu’on crée une Startup que lorsqu’un reprend une entreprise. Ensuite, la reprise génère du revenu, et donc des salaires, beaucoup plus rapidement. On note également un potentiel de croissance plus rapide dans des entreprises déjà en place, comptant dès lors plus de possibilités de développement. Enfin, d’un point de vue économique, la reprise favorise le maintien de l’emploi.
Quels sont les enjeux majeurs de la transmission ?
Le premier est la prise de conscience de la difficulté que représente une cession, qui par ailleurs arrive souvent trop tardivement. La majorité des cédants n’anticipent pas cette phase de cession et la repoussent jusqu’au bout, souvent par manque de temps ou de prise de recul. Nous encourageons réellement tout cédant à venir à tout moment frapper à notre porte afin de les aider dans cette phase nécessaire d’anticipation.
Ensuite, la transmission est un processus complexe : à compter du moment où on veut mettre en place la transmission, beaucoup de questions doivent trouver des réponses… Qui va reprendre ? Combien de personnes ? Ces personnes se situent-elles dans la sphère familiale ou sont-elles des collaboratrices internes à l’entreprise ? Comment externaliser au besoin ?
Le ciblage est une thématique importante qui fera d’ailleurs l’objet de notre prochain Business Breakfast (le 16 juin, chez Forcado, Save the Date !)
Le troisième enjeu est la difficulté que représente l’évaluation et la valorisation de l’entreprise. Transmettre une entreprise après de nombreuses années, c’est transmettre son « bébé », une partie de sa vie. Ce qui préoccupe le plus un cédant, au delà de la valorisation financière, c’est la qualité du repreneur et sa faculté à pérenniser l’entreprise et ses employés. Il est difficile de mettre un chiffre sur son bébé !
Les participants sont-ils déjà engagés dans un processus de reprise ?
Pas nécessairement. Le processus de transmission/reprise peut prendre des mois voire des années et notre volonté est d’être présents dès la phase d’anticipation. Dans le cadre du cycle de formation et d’accompagnement, en revanche, il est préférable que cédant(s) et repreneur(s) soient engagés dans un cas concret de transmission. La Maison du Repreneuriat peut favoriser leur mise en contact via son réseau, dans un cadre confidentiel.
Comment se passe l’accompagnement à la Maison du Repreneuriat ?
Une transmission est avant tout un échange entre deux êtres humains, chacun ayant ses motivations, valeurs et vision propres... La communication est la clef de voûte d’une transmission réussie. Pour assurer cet accompagnement, qui s’opère avant tout sur le plan humain, notre équipe possède des compétences tant en gestion qu’en psychologie et en anthropologie. Roxane De Hoe a notamment analysé le rebond entrepreneurial d’un point de vue psychologique dans le cadre sa thèse. Eugénie Gillot est également en train de finaliser une thèse de doctorat sur les transmissions d’entreprises familiales. Si d’autres besoins apparaissent sur le plan légal, fiscal, la valorisation ou l’évaluation, nous faisons intervenir les experts issus de notre écosystème.
Qui sont ces intervenants extérieurs à l’ICHEC ?
Pour ce projet, nous collaborons avec l’EPHEC, plus particulièrement Olivier Kahn, qui jouit d’une grande expertise en comptabilité ainsi qu’en repreneuriat. Nous comptons aussi sur les partenaires de la Chaire chez EY et Daoust, plus spécifiquement Éric Van Hoof (EY) qui interviendra sur les thématiques liées à la gouvernance et Gilles Daoust, grand soutien du projet. Jean Philippe Vandenschrick (AXA) interviendra en tant que spécialiste de la négociation.
Plus d'informations et inscriptions
L’ICHEC et la transmission, c’est une longue histoire !
Tout à fait ! L’expertise de l’ICHEC en matière d’entrepreneuriat n’est plus à démontrer, et l’institution redouble aujourd’hui d’efforts pour sensibiliser ses étudiants à la thématique du repreneuriat. Un cours consacré à la reprise a récemment été créé dans le cadre de l’option entrepreneuriat et PME. Nous offrons également la possibilité aux étudiants qui ont un projet de reprise d’effectuer leur parcours stage et mémoire au sein de cette entreprise. La Chaire Familles en entreprises, enfin, a à son actif 10 ans d’expérience et 4 ouvrages dédiés aux thématiques de l’entrepreneuriat familial.